5. Résidences (en cours de maj)


VOIR LES ANIMAUX

Résidence / 2023
Un projet porté par la Communauté de Communes des pays de L’Arbresle
 

Dans le cadre d’un projet de parcours artistique prévu en 2024, la CCPA a souhaité déployer un ensemble de résidences artistiques en amont afin d’initier des rencontres et des échanges avec les habitants. C’est dans ce cadre que j’ai eu le plaisir de passer trois jours auprès de personnes travaillant avec les animaux : éleveurs-euses, soigneurs-euses... Comment ces personnes appréhendent le travail en compagnie des bêtes, qu’est-ce que cette proximité-là leur fait.



-  Moi j’aime bien les vautours. C’est des oiseaux qui sont simples. Ils sont opportunistes de nature. On peut avoir des explications un peu plus vraies.
- Ouai mais ça c’est le ressenti d’Alexandre, je trouve que c’est la même chose avec tous les oiseaux. Moi par exemple je trouve que c’est plus facile avec les nocturnes.
- Lui c’est un gars à chats et les nocturnes c’est les chats des oiseaux ! Non mais c’est vrai, après il y a des oiseaux beaucoup plus délicats, mais en même temps un peu speed, comme les faucons, les milans. Ca c’est des oiseaux que j’aime bien aussi.
- Et moi pas du tout !
- Il y a des nocturnes avec qui ça se passe plus ou moins bien. C’est eux qui choisissent. En fonction de leur vécu aussi. Ils ont leurs têtes. Mais c’est à nous de nous faire accepter. C’est notre travail.
- Il faut de la patience et de la douceur.


- La différence entre le plein air et l’élevage de porcherie, c’est qu’il n’y a pas deux élevages pareils à cause du terrain etc… En porcherie c’est plus standardisé. La routine quotidienne c’est surtout nourrir. Ici, sur deux cent cochons, tu as quand même souvent des merdes à gérer : des fuites d’eau, des piquets qui sautent… Comme on est en plein air, il faut aussi les attraper pour les emmener à l’abattoir. On a pas des portillons qui s’ouvrent.
- En fait c’est que de l’anticipation. Sinon on pourrait passer notre journée à faire des aller-retours pour gérer les animaux. Ça, on l’a beaucoup appris. Quand tu es en bâtiment, bah tu ouvres des portes. Ton métier c’est d’appuyer sur des boutons, regarder que tout le monde ait à manger et ne soit pas malade, et tu ouvres des portes. Tu veux emmener tes cochons à l’abattoir bah tu appuies sur un bouton pour ouvrir la porte pour que le cochon monte dans la bétaillère. Tu veux faire une sailli, tu ouvres pour que ta truie aille voir le verrat. Nous c’est la même chose mais avec dans un environnement tenu par des fils électriques.
- Oui et puis des fois tu dois il faut que tu arrives à ce que les animaux aillent où tu envie qu’ils aillent mais sans les forcer. Le cochon c’est un animal très craintif dès que tu veux l’enlever de sa zone de sécurité tu vas lutter. Faut le mettre en confiance. Et il vaut mieux le faire avant qu’il ait mangé sinon il va pas te suivre.
- On l’a déjà fait, on se met à deux et là on court, on court et là il est cuit, mais on est cuits aussi !
- Il n’y a pas de formation, c’est beaucoup de retours d’expérience, d’observation.

- Mes chevreaux je les élève en sachant qu’il n’y a pas un lien fort car ils sont destinés à être mangés. Mais par exemple Laura ne mange pas notre viande parce que pour elle, c’est ses chèvres. Pour moi, ça fait partie de l’élevage. Ça ne me gênerait pas qu’on me dise à 60 ans « on te tue pour te manger ». Bon faudrait que la retraite soit avant !